Avec les meilleures intentions
Quand on lui demande quand tout commence
Ce n’est pas une histoire de naissance.
En fait il faut remonter plus loin en arrière,
Car le chemin est pavé par l’arbitraire.
Pas encore né, mais déjà sous pression
Parce qu’il arrive, mais pour de mauvaises raisons
Dans un couple dysfonctionnel et déjà mort
Vu comme une possible réconciliation, à tort.
A peine né, premier garçon de la descendance
L’heureux événement décrépi en cadence
Né dans une famille totalement matriarcale
Où il semble qu’être un homme, c’est mal.
A chacun son histoire, à chacun ses traumas
Et peu importe pour lui que ce soit juste ou pas
Mais peu importe le contexte, maintenant il marche
Parce qu’on compte sur lui, il a un potentiel, alors cravache!
Il est pourtant toujours tout petit, mais déjà pression
Dans un monde immense, sombre, perdu et sans lampion
Portant déjà le poids des attentes des autres
De leurs ambitions, désirs, traumas et expectations arbitraires.
Plus ça avance, plus la pression ne fait que croître.
Quand on ne peut plus se réfugier dans la paraître,
Le moment arrive où les erreurs du passé se payent
Celles d’autres, bien sûr, mais sa machine aussi s’enraye.
Famille explosée, rares repères qui quittent ce monde trop tôt
La facilité l’appelle, puisqu’il ne tomberait pas de bien haut
Déjà solitaire, maintenant complètement seul
Comprenant bien le prix d’avoir un peu trop ouvert sa gueule
Il pensait avoir touché le fond, bien naïf fut-il
Même partir à l’autre bout du monde n’a pas suffit
Revenir la queue entre les pattes était la goutte de trop
Tout seul à l’aéroport, sa famille étant restée au chaud.
Un bilan s’impose: honnête, violent et synthétique
Rien dans la colonne “Plus”, 2 pages dans le “Moins”: pathétique
Plus rien, juste quelques personnes, les rares, les vrais
Et une immensité désertique, un désastre, ravagé.
Il n’est plus petit, mais toujours plus sous pression,
Dans ce monde sombre, où règne terre brûlée et déception
Portant toujours le poids des attentes des autres,
Mais aussi de leur rejet, abandon et traumas arbitraires.
La rigolade est finie, le constat est simple et clair.
Maintenant il est tout seul, avec un besoin de réussir
Pas pour les autres, mais pour lui
Pour pouvoir vivre avec ses propres pensées, ce qu’il pense de lui
Toute aide est bienvenue, mais jamais vraiment demandée
Maintenant c’est parti, et rien ne pourra l’arrêter
Peu importe comment il ira gagner sa croûte,
Peu importe la situation, faudra que ça passe, coûte que coûte.
Comprendre son passé pour mieux réussir son avenir,
Du moins sur ce voudra bien venir
Déterrer les vieux dossiers, surtout les plus enterrés
Rencontrer des gens qui auraient préféré t’oublier
Et chaque soir, dans ton lit, faire face et pleurer
Apprendre à aimer cette douleur, elle le fera avancer
La dynamique change, il le sait, il le voit
Mais on est encore loin du compte, le compte n’y est pas.
Il est grand, mais toujours plus sous pression,
Dans ce monde sombre, restreint, sans émotion
Portant toujours le poids des attentes des autres,
Mais aussi de leur oubli, dédain et traumas arbitraires.
La structure s’est mise en place, il sait maintenant qui il est
Aussi qu’il peut aller, il sait aussi sur qui il pourra compter
Il a appris à faire le tri, à savoir partir sans se retourner
Pas d’illusion, tout ceci ne durera qu’un temps, va s’arrêter
Mais ça durera suffisamment pour aller toucher le sommet
Il est prêt il est là, a parié tout sur lui-même, faut délivrer
Toutes ces années, toute cette douleur, concentrée pour ce moment
C’est all-in, c’est son jour, c’est maintenant.
Le voici enfin, le triomphe tant attendu
La voici enfin, cette réussite tant attendue
Non pas pour remplir les attentes des autres, éternellement insatisfaits
Mais juste pour pouvoir vivre en paix avec leur rejet.
Parce que l’éléphant au milieu de la pièce est toujours invisible
Qu’il le restera pour toujours, laissant cette tâche indélébile
Que peu importe les réussites, tout ça ne compte pour rien.
Recherche, double carrière internationale, et nouvelle vie… “C’est bien”
“C’est bien”...
Il est grand, mais toujours sous pression,
Dans ce monde immense, ouvert, plein d’options
Portant toujours le poids des attentes des autres,
Mais aussi de leur aveuglement et traumas arbitraires.
Et son histoire continue, à nouveau loin des siens
Parce que c’est la seule réponse pour comprendre ce qu’il devient
Pour pouvoir enfin regarder les choses en face, sans pression
Parce qu’il n’est pas différent des autres, va falloir payer l’addition.
Et elle n’a pas manqué d’arriver, parce qu’il y a comme un décalage
Sa réalité ne colle pas vraiment avec un quelconque adage
Son schéma est bien construit, rôdé, parfait pour réussir
Mais avec le désavantage de faire beaucoup souffrir
Pas seulement lui, mais tout le monde autour
Surtout, surtout, tout ceux pour qui il vaut le détour
Le prix est toujours plus grand, toujours plus actuel
Même quand tout est fini, il y a toujours le résiduel
Il a fallu encore bien des nuits à pleurer dans son lit
Pour accepter qu’il paiera le prix pour le restant de sa vie
Et que tout ça n’est que le fruit de pleins de décisions
Toutes, à leur moment, prises avec les meilleures intentions.
Il est grand, et il sera toujours sous pression,
Dans ce monde où il a construit son cocon
Laissant derrière les attentes des autres,
Avec le poids de ne rien reproduire.
Pas de rancune, pas de haine
Que les concernés ne s’inquiètent pas, il les aime
Et le soir, au côtés de sa femme, dans son lit
Maintenant il dort, même si rien n’est fini.
Mirko