La cuisine à Mamie
La cuisine à Mamie
Ma grand-mère est à la cuisine ce que la fausse monnaie est à l’économie.
Un faussaire ! Comme Richard Virenque je me demande si on m’aurait menti.
Car si je lui demande la recette
Elle me la donne, certes
Mais si je la suis à la lettre prés
J’obtiens un résultat gustatif quasiment opposé !
Même recette, résultat différent…
Inutile de sortir de Saint-Cyr pour voir qu’il y a un os dans le piment !
Alors où est-ce que nos chemins ont divergés ?
J’ai mené l’enquête spécialement pour vous, noble assemblée.
Le temps et l’expérience ont provoqué bouleversements en cascade
De la coriandre en plus, l’oignon devient échalote et où est-ce qu’il y a marqué noix de muscade ?
Réponse invariable : « C’est meilleur comme ça ! »
N’empêche qu’elle ne me filé que l’originale… Elle les garde pour elle ses petits plats !
C’est un vrai chef, bien peu elle ne dévoile
Ses recettes, ce sont ses étoiles
Et elle, mesdames messieurs, elle n’en a pas que trois…
Et oui, ma mamie, ça ne rigole pas !
Mais il y a une différence majeure
Entre la grande cuisine et ma grand-mère
Laissez-moi vous conter sur l’heure
Une anecdote qui m’est arrivé l’année dernière.
J’avais invité une charmante demoiselle à dîner
En lui laissant le libre choix du restaurant
Alors là messieurs ne le faites jamais !
Votre portefeuille n’aura jamais été aussi vide auparavant !
J’ai failli m’évanouir quand j’ai vu les prix…
Mais je voulais vraiment me la faire alors j’ai rien dit.
Enfin bref, les plats sont arrivés, on m’a servi une assiette grande comme ça (gros)
Avec un ravissant amas de nourriture grand comme ça (petit) !
Ladite blonde m’a alors dit : « On va se régaler ! »
J’ai répondu : « Vu le rapport quantité-prix y a intérêt ! »
Je vous rassure, ce fut d’un niveau gustatif élevé
Qu’aucune mauvaise foi ne pourrait attaquer.
Mais la cuisine à Mamie, elle aussi, tient le pavé
Sauf qu’en plus il y a la quantité !
Huit personnes prévues sur la tablée ?
Tu peux ramener autant de copains y aura toujours assez !
A chaque fois, chacun se retrouve avec des restes à emporter
Et on en mange pendant deux jours encore après !
Mais ne mélangeons pas ma mamie adorée
Et la grande cuisine élevée au rang d’art par les français.
Car finalement bien peu peuvent l’apprécier
Bien peu ont un nez et/ou un palais.
Finalement les saveurs sont comme les mots.
On joue avec, on les mélange, on les porte bien haut
Mais comme partout, la subtilité
Peut parfois nous échapper.
Vous pouvez me trouver un brin fataliste
Mais nous vivons dans un monde de spécialistes
Et dans le mélange des mots comme dans les plats cuisinés
Finalement bien peu de gens ont un second degré…
Mirko