Sables mouvants
Sables mouvants
Au plus profond de mon sommeil,
Là où la noirceur de l’âme s’éveille,
Je passe ma personnalité au révélateur
Et paye le prix de mes erreurs.
Cette chute qui ne s’achèvera peut-être pas,
Qui rend mon sommeil plus qu’agité
Me laisse tétanisé d’effroi
Quand elle finit soudain par s’arrêter.
Je m’enfonce doucement dans une espèce de mélasse
Mais je ne réagis pas, comme si rien ne me choque
Même si je vais descendre dans cette bouillasse
Jusqu’à ce que j’en suffoque.
Dans la merde jusqu’au chevilles
Rien, pourtant, en moi ne vacille.
J’ai le temps de voir venir
Je me ferai du soucis quand ce sera pire.
En quoi devrais-je m’inquiéter
Puisque de toutes façons je vais me réveiller ?
Dans la merde jusqu’aux genoux
Je ressens comme un sérieux coup de mou.
Surpris par cette soudaine immobilisation
Je me rends compte que je suis dans un trou sans fond.
Je cherche une solution pour m’en sortir
Mais c’est après des chimères que je me vois courir.
Dans la merde jusqu’à la taille
J’appréhende, il faudrait que je me réveille.
Sans mes jambes je me sens faible et vulnérable
Je sens ma conscience se mettre à table
Pour se délecter des hantises de mon passé
Et par la honte et le regret me forcer à assumer.
Dans la merde jusqu’aux pecs
Je commence à baliser sec !
Je n’arrive toujours pas à me réveiller
Et je comprends que je vais me noyer.
Je me mets d’un coup à aimer la vie
Et par avance, à la regretter aussi.
Dans la merde jusqu’au cou
Je me blâme d’être têtu comme un caillou.
C’est bien beau de réagir mais quand c’est plus l’heure
Ca ne sert plus à rien de jeter des pavés dans la mare.
Des fois « trop tard » équivaut à « jamais ».
C’est fou, dans une vie, tout ce qu’on peut manquer…
Dans la merde jusqu’aux yeux
C’est maintenant que je vois la vie en bleu.
C’est au plus profond de la peur
Que l’existence prend toute sa valeur.
Un engourdissement saisi mon corps,
Je rentre en symbiose ave ma propre mort.
Dans un sursaut me voici réveillé
En sueur, les sens embrouillés,
Une nouvelle fois soulagé
Que ce cauchemar soit terminé.
Malgré toutes ces péripéties
Me voici plus serein pour ma vie.
Car si l’aimer est à ce prix
Je veux bien mourir toutes les nuits.
Cette remise en question, ce traitement de choc,
Me permet au moins de repartir à bloc.
C’est bizarre mais c’est ainsi
Accepter de mourir me maintient en vie.
Mirko